Charles de Gaulle – MyEurope

Charles de Gaulle est l’un des présidents français les plus connus de la Ve République. Il a joué un rôle considérable au 20e siècle, à partir de la 2e Guerre mondiale, lorsqu’il a dirigé la Résistance française contre l’occupation allemande, puis tout au long de la reconstruction du pays dans l’après-guerre, et enfin lorsqu’il est devenu chef du pays en 1958 et a écrit sa nouvelle Constitution.

Jamais, au cours de sa longue carrière politique, de Gaulle n’a mis de côté ses convictions.  » Toute ma vie, j’ai eu une certaine idée de la France  » (Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, 1954). Cette idée que la France soit un grand pays promis à un grand destin, il n’a jamais cessé de la défendre. De plus, son refus du compromis est devenu un aspect caractéristique de sa personnalité. Mais comment sa raideur a-t-elle influencé et façonné la politique française et européenne ?

Grâce à sa détermination, la France fait partie des vainqueurs de la 2e Guerre mondiale, malgré sa défaite militaire incontestable de mai 1940 et la collaboration de son gouvernement avec les occupants nazis. En effet, de Gaulle a organisé les mouvements de résistance français et a mis tout son poids dans les négociations avec ses alliés américains et britanniques afin d’être considéré comme le dirigeant légitime de son pays. La France lui doit donc son siège permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies.

Plus tard, en 1946, la force de caractère de de Gaulle se manifesta à nouveau lorsqu’il préféra démissionner de son rôle de chef du gouvernement provisoire de la France plutôt que d’accepter la Constitution élaborée par le Parlement français dans l’immédiat après-guerre: il a refusé de faire des compromis sur sa conception de ce qui était bon pour le pays.

L’inflexibilité de De Gaulle a eu un impact considérable sur la construction européenne. Lorsqu’il est devenu chef de la France en 1958, le traité de Rome, initiant la Communauté économique européenne (CEE), avait déjà été signé. De Gaulle a joué un rôle majeur dans sa mise en œuvre car il considérait le marché commun européen comme une mesure positive pour l’économie française. De même, il défend fermement la Politique agricole commune (PAC), mise en œuvre en 1962. Il y voit un outil très efficace pour moderniser l’agriculture française. Ces subventions pour la promotion de l’agriculture dans les États membres, financées par l’ensemble des membres de la CEE, ont bénéficié à la France notamment en raison de son énorme secteur agricole. De plus, c’est à cette période que commence la modernisation de l’agriculture française : la mécanisation et l’agriculture intensive commencent à se matérialiser, mais des subventions sont nécessaires. Dans l’ensemble, la PAC servait les intérêts de la France, et c’est pourquoi de Gaulle la favorisait grandement.

Cela montre comment il a fait passer les intérêts français avant tout idéalisme européen. La conception de De Gaulle de l’Europe comme outil d’amélioration de la France a largement influencé la position du pays. Par exemple, le rejet massif des institutions européennes et de leurs décisions en France aujourd’hui peut être lié à l’idée que faire partie d’une Europe intégrée doit être bénéfique pour le pays: si ses avantages ne sont pas immédiatement apparents, alors la construction européenne doit être abandonnée ou complètement repensée.

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Le président Charles de Gaulle se rend à Isles-sur-Suippe après son retour des Ardennes en 1963 (Gnotype/sous licence CC BY-SA 3.0)

Sur d’autres aspects de la construction européenne, de Gaulle apparaît moins enthousiaste que pour le marché commun. En fait, il était totalement opposé à tout fédéralisme européen : en 1961, il proposa le Plan Fouchet, qui introduisait l’idée d’une coopération entre gouvernements sans perte de souveraineté absolue et sans institutions supranationales. En fait, de Gaulle était opposé à toute perte de souveraineté pour la France. Il voulait que ce soit l’une des grandes puissances, et pour cela, l’indépendance était essentielle. C’est pourquoi il a annoncé sa conception d’une « Europe des nations”, dans laquelle les gouvernements nationaux négocieraient étroitement, mais ne seraient jamais contraints à rien. Afin de protéger cette vision de l’Europe, il a provoqué la crise de la « chaise vide” en 1965. En refusant d’assister à toute réunion européenne pendant six mois, il contraint ses partenaires à renoncer au vote à la majorité qualifiée, qui devait être mis en œuvre au début de 1966. Ce faisant, il a fait pencher l’échelle de la construction européenne en faveur du syndicalisme, par opposition au fédéralisme. De plus, il a porté atteinte à la réputation des institutions européennes en montrant aux gouvernements nationaux comment ils pouvaient être ignorés ou bloqués.

Dans l’ensemble, l’influence de Charles de Gaulle sur l’Europe a été énorme grâce à sa popularité. Sa conviction que la France était une grande nation était et est toujours très populaire dans le pays. En conséquence, ses idées sur la politique étrangère restent très respectées et largement partagées au sein de l’élite publique et politique française.

Aussi grand qu’ait été son leadership politique pour la France, on peut dire que le général de Gaulle incarne une classe de politiciens qui, doutant de la construction européenne dès sa conception même, l’ont dirigée dans la mauvaise direction. En effet, le rejet du fédéralisme et l’accent mis sur la coopération économique sont à l’origine des principaux problèmes de l’Europe: la gouvernance antidémocratique et la méfiance populaire.



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