Haendel : 10 (petites) choses que vous ne saviez (peut-être) pas sur le compositeur de la Sarabande et du Messie

Haendel était-il aussi fantaisiste, erratique et capricieux que beaucoup le croient ? Bien au contraire, George Frideric Haendel était un compositeur particulièrement intelligent et stratège, parfaitement capable de se faire un nom dans tout le royaume anglais.

Superficielle, comme les grandes divas baroques de son temps ? Par-dessus tout, Haendel était un compositeur extrêmement dévoué, travaillant dur avec une concentration extraordinaire, aboutissant à de nombreux chefs-d’œuvre, y compris des opéras, des oratorios et de la musique instrumentale.

Voici 10 (petites) choses que vous ne saviez (peut-être) pas sur Haendel, compositeur du Messie, Rinaldo, et de la célèbre Sarabande.

Fils d’un chirurgien barbier

George Frideric Haendel est né le 23 février 1685 à Halle, en Allemagne, la même année que Jean-Sébastien Bach. Bien que ce dernier soit issu d’une longue lignée de musiciens (la profession de compositeur se transmettait généralement de père en fils), Haendel était le fils d’un chirurgien barbier.

Dans la ville de Halle, le père de Haendel était bien connu et avait une excellente réputation, recevant de fréquents visiteurs à la maison familiale. Ces visites variées et mondaines ont sans doute conduit Haendel à découvrir la musique, parvenant finalement à convaincre ses parents de payer des leçons de clavicorde (le précurseur du piano).

Une vie en trois épisodes

Si jamais la vie de Haendel devait être représentée sur le grand écran, il faudrait que ce soit une trilogie. Le premier épisode se pencherait sur son enfance et sa formation musicale en Allemagne. Jusque dans les années 1710, Haendel perfectionne son art de compositeur à Halle, Hambourg et Hanovre.

Le deuxième épisode se déroule en Italie, à Rome ou à Naples, où Haendel découvre et maîtrise progressivement le genre de l’opéra baroque. Il a exporté le genre lyrique en Angleterre, avec ses œuvres Rinaldo (1711), Tamerlano, Giulio Cesare (1724), devenant progressivement l’un, sinon le compositeur le plus important de la société londonienne.

Enfin, le troisième épisode serait celui de l’apaisement et de la consécration. Maintenant citoyen anglais, résidant confortablement dans une maison de Brook Street, Haendel finit par s’éloigner du monde du théâtre lyrique pour se consacrer à une nouvelle spécialité musicale : l’oratorio.

Portrait de Haendel par Philippe Mercier, 1720.
Portrait de Haendel par Philippe Mercier, 1720., ©Getty/De Agostini

Un organiste doué

Compositeur incontestablement prolifique (son célèbre Messie, par exemple, a été écrit et joué en un peu moins de trois semaines), Haendel est moins connu pour ses talents d’interprète. Et pourtant, Haendel était l’un des clavecinistes et organistes les plus talentueux de sa génération.

Pendant son séjour à Rome en 1706-1707, Haendel participe à divers concours musicaux amicaux avec le compositeur Domenico Scarlatti. Au grand plaisir des seigneurs et aristocrates italiens, Scarlatti sort victorieux au clavecin, mais c’est Haendel qui s’éloigne victorieux de l’orgue.

Stratège musical

Bien que Haendel ait conquis le public londonien avec ses opéras italiens, il se tourne vers le genre sobre et plus spirituel de l’oratorio dans les années 1730. Pourquoi ? Les opéras étaient une entreprise coûteuse, alors que l’oratorio était joué sans mise en scène ni conception, ni même costumes.

Avec l’oratorio, Haendel était (enfin !) capable de composer en langue anglaise. Lui qui vivait en Angleterre depuis plus de vingt ans savait parfaitement à quel point une œuvre réalisée à Londres pouvait jouer en sa faveur et obtenir un grand succès auprès de son public anglais. Ainsi sont nés les oratorios Salomon, Josué, Judas Maccabée et même le célèbre Messie.

Favorisé par la couronne

Dès son arrivée à Londres en 1711, Haendel, compositeur allemand à l’influence musicale italienne, comprend qu’il devra redoubler d’efforts pour conquérir son public anglais. De plus, le public anglais du début du 18e siècle tenait encore fermement à la mémoire de leur dernier grand compositeur, Henry Purcell.

En 1713, Haendel compose un Te Deum pour la couronne anglaise, une œuvre dans laquelle il mélange de nouveaux éléments musicaux avec des références à la musique de Purcell. Le Te Deum a été joué dans la cathédrale Saint-Paul et a énormément impressionné la reine Anne. Haendel était maintenant le compositeur « officiel » du royaume anglais.

Maison de Georg Friedrich Haendel dans Brook street, à Londres.
Maison de Georg Friedrich Haendel dans Brook street, à Londres., © Gallica BnF

Colérique

Bien que George Frideric Haendel soit connu pour son bon sens de l’humour et son espièglerie, Haendel le compositeur était notoirement exigeant et très strict. Peu importe le statut social de ses interprètes, aristocrates ou non, il valait mieux ne pas déranger le maestro pendant les répétitions, et surtout suivre son tempo avec précision.

On dit que lorsqu’un chanteur refusait de jouer suivre sa partition précisément, il menaçait de la jeter par la fenêtre (en plaisantant, bien sûr). Lorsque le chœur a commencé à chuchoter avec enthousiasme, distrayant ainsi le maestro, Haendel a crié « Chœur! » avec beaucoup d’autorité et d’exaspération.

Mondain et jovial

Haendel aimait boire et manger, comme on peut le voir dans de nombreux portraits peints par ses contemporains, n’oubliant jamais de souligner son (un peu) dodu. D’ailleurs, Haendel était le compositeur avec le plus de portraits de son temps, prouvant encore une fois son immense popularité.

D’innombrables portraits et sculptures de son vivant, même par l’artiste français Louis-François Roubiliac, restent néanmoins divers mystères concernant la vie personnelle de Haendel. Aucune de ses relations amoureuses (le cas échéant) n’est connue de ses biographes, et seule une poignée de lettres manuscrites ont été trouvées… Historiens et musicologues ne peuvent donc s’entendre que sur une chose : son amour de la bonne chère et du bon vin.

Une âme charitable

Dans son testament, Haendel déclare vouloir donner une grande partie de sa fortune à des organisations caritatives: institutions aidant les familles des musiciens, d’autres aidant les prisonniers et les malades… Cela n’était pas simplement dû au fait que le compositeur n’avait pas d’enfants: depuis son arrivée à Londres, Haendel a soutenu un grand nombre d’œuvres caritatives et d’initiatives populaires et sociales.

Il était particulièrement dévoué à l’aide aux orphelins. Depuis sa fondation en 1739, Haendel était un fervent partisan du London Foundling Hospital, une institution dédiée aux soins des enfants abandonnés: chaque année, il organisait un concert-bénéfice d’un de ses oratorios pour l’orphelinat.

Foundling Hospital de Londres, fondé en 1739 par Thomas Coram. Dessin de Louis-Philippe Boitard.
Hôpital de Londres fondé en 1739 par Thomas Coram. Dessin de Louis-Philippe Boitard. , © Getty /.

Paralysie partielle et temporaire

En 1737, Haendel s’effondre en plein concert : il est épuisé, stressé et endetté. Au réveil quelques instants plus tard, le compositeur a découvert qu’il était paralysé du côté droit de son corps. Désemparé, il s’enferma dans sa maison de Brook Street, loin des regards du public et des ragots.

Ce n’est que lorsque le compositeur retourna dans son Allemagne natale, à Aix-la-Chapelle, qu’il fut enfin guéri de son étrange maladie. À l’âge de 52 ans, Haendel est retourné à Londres, guéri mais affaibli. Il a subi d’autres crises de paralysie plus tard dans sa vie, dont il s’est remis à plusieurs reprises, avant de finalement succomber à la fatigue en 1759.

La toute première biographie du compositeur

Haendel est décédé le 14 avril 1759, à Londres. Bien que le compositeur ait toujours refusé de se prosterner et de servir un seigneur ou un grand patron, comme c’était la coutume pour beaucoup de ses collègues musiciens et compositeurs, il avait néanmoins amassé une fortune considérable (chose rare pour un artiste du XVIIIe siècle). Malgré sa fortune, il souhaitait une sépulture sobre à l’abbaye de Westminster, mais ses funérailles furent rendues publiques, rassemblant près de 3000 admirateurs.

Bien qu’il se soucie peu de la postérité (à part à travers sa musique, bien sûr), Haendel a néanmoins fait l’objet de la toute première biographie de l’histoire de la musique. À peine un an après sa mort, le révérend John Mainwaring s’est chargé de raconter la vie du compositeur et son incroyable destin, finalement intitulé Mémoires de la vie de feu Georg Friedrich Haendel.



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