Louis, le Grand Dauphin de France avec sa Famille vers 1687

Ce portrait de groupe, qui semble être une copie d’après l’original à Versailles de Pierre Mignard (1612-1695), combine un air d’informalité facile avec des indications claires du statut élevé des sitters. Le Grand Dauphin Louis porte la ceinture bleue de l’Ordre chevaleresque français du Saint Esprit (équivalent de l’Ordre anglais de la Jarretière), tout comme ses trois fils: Louis de Bourgogne, âgé de cinq ans, Philippe d’Anjou, âgé de quatre ans, et l’enfant Charles de Berry, appuyé contre sa mère, Marie-Anne-Victoria de Bavière, et autrement seulement partiellement vêtu. Il saisit un hochet élaboré façonné à partir de corail, censé au XVIIe siècle avoir des pouvoirs protecteurs surnaturels. Les chaussures à la mode du Dauphin incluent les talons rouges (ou « talons rouges ») qui n’étaient autorisés que pour les membres de l’aristocratie française; ses pieds sont disposés de manière à les afficher au mieux, dans une posture élégante qui imite les poses enseignées par les maîtres de la danse courtoise. Louis de Bourgogne, l’héritier du Dauphin, sur lequel les yeux de ses deux parents affectueux sont fixés, adduit de la même manière l’élégance courtoise à la promesse de prouesses martiales alors qu’il joue avec une lance face à son père.
Le sens du mouvement et de la spontanéité du tableau contraste avec la formalité de nombreuses autres représentations de la famille royale française (le portrait militaire du Dauphin de Hyacinthe Rigaud a été peint en 1688, l’année qui suit ce tableau). Cela est en partie dû à l’abondance d’animaux sur la photo, qui peuvent également avoir une signification symbolique: le chien de chasse regardant le Dauphin modèle la fidélité due au père de famille mais particulièrement appropriée à un portrait royal, tandis que les deux petits chiens reflètent chacun les poses des deux fils aînés du Dauphin, suggérant une activité vive dans le cas de l’aîné Louis, et une loyauté affectueuse dans celle de son frère cadet. Pendant ce temps, le perroquet, animal de compagnie cher importé, ajoute une note d’exotisme et témoigne de l’expansion continue des routes commerciales françaises par Louis XIV.
Mignard se forme à Paris et à Rome, où il devient un peintre de scènes religieuses à succès, Mignard est peintre ordinaire de Louis XIV de 1663 jusqu’à sa promotion au rang de premier peintre en 1690. Il a beaucoup travaillé sur les décorations et la statuaire du château de Versailles à partir de 1684 et a réalisé un certain nombre de portraits du roi et de ses courtisans. La version originale de ce tableau est datée de 1687, alors que Mignard venait de terminer son plan décoratif pour le cabinet doré des appartements du Grand Dauphin (aujourd’hui détruit). La version de la Collection royale a apparemment été peinte peu de temps après dans l’atelier de Mignard; elle a été acquise par George IV en 1828 en tant qu’œuvre autographe.
Louis, Grand Dauphin de France (1661-1711), était le fils aîné et unique survivant de Louis XIV et de sa première épouse, Marie-Thérèse d’Espagne (1638-1683). Il épousa en 1680 Marie-Anne-Victoria de Bavière (1660-1690), mais, souffrant d’un malaise chronique et considérée comme terne et peu attrayante, sa femme vécut une existence relativement isolée dans une cour qui valorisait la beauté et la vivacité. Par sa mère espagnole, le Dauphin avait une prétention au trône d’Espagne: cependant, lorsque la mort du roi d’Espagne Charles II, sans enfant, le laissa vacant en 1700, Louis démissionna de sa prétention espagnole en faveur de son deuxième fils, Philippe (1683-1746). Ses deux fils aînés ont donc tous deux joué un rôle de premier plan dans la guerre de succession d’Espagne (1701-1714) qui en a résulté, un conflit paneuropéen qui s’est disputé sur l’équilibre international du pouvoir français.
Préparé pour le trône de France, Louis duc de Bourgogne (1682-1712) combattit sans succès à la bataille d’Oudenarde en juillet 1708 et Philippe duc d’Anjou gouverna finalement l’Espagne sous le nom de Philippe V. En revanche, le plus jeune fils du Dauphin, Charles (1686-1714) passa la majeure partie de sa vie à Versailles.
Malgré le tableau optimiste de la succession présenté dans le portrait de Mignard de quatre héritiers français en bonne santé, aucun des sitters n’est jamais devenu roi de France. Éclipsé tout au long de sa vie par Louis XIV, le Dauphin l’a finalement précédé dans la tombe, mourant de la variole en avril 1711. Son fils, Louis de Bourgogne, a lui-même eu deux fils qui ont survécu à leur premier anniversaire, mais toute sa famille a succombé à une épidémie de rougeole en 1712, et seul son plus jeune garçon a survécu. Le fils restant du Dauphin, Charles duc de Berry, mourut après un accident de chasse en 1714, et ainsi, lorsque Louis XIV lui-même mourut l’année suivante, la couronne française sauta deux générations et passa à son arrière-petit-fils en bas âge, Louis XV (1710-1774).



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