Lucrezia Borgia et ses scandales sexuels scintillants
Lucrezia Borgia était une chienne au cœur froid, selon l’auteur John Faunce. Les faits sur la vie scandaleuse de Lucrèce en tant que fille bâtarde du pape Alexandre VI sont bien documentés. Les détails sur Lucrezia en tant que femme, cependant, sont laissés hors des livres d’histoire. John Faunce essaie de combler les lacunes, écrivant à la première personne de son roman Lucrezia Borgia. Malheureusement, il échoue. Le résultat est que la vraie Lucrezia, enfouie sous la narration maladroite de Faunce, se détache comme un gosse superficiel et unidimensionnel.
La vraie vie de Lucrezia se lit comme un feuilleton du XVe siècle et a constitué une excellente base pour ce livre. Le père de Lucrèce, Rodrigo Borgia, est devenu pape à une époque où le Vatican était imprégné d’intrigues politiques et de népotisme, sans parler du sexe. Lucrezia et son frère Cesare étaient les deux enfants les plus tristement célèbres de Rodrigo.
Cesare était connu pour sa quête impitoyable du pouvoir et pour ses accès de rage. La place de Lucrèce dans l’histoire de Borgia était celle du spectateur et du pion occasionnel. Anny Latour, dans son livre de fiction The Borgias, raconte la vie de Lucrezia comme un épisode dramatique après l’autre. Elle a épousé son premier mari pour obtenir une alliance militaire pour son père. Après le meurtre de son frère aîné Juan, elle a été appelée à la maison et le mariage a été annulé au motif qu’elle était encore vierge. Au moment de son annulation, elle était enceinte de l’enfant de Spanish messenger, qui est peu après décédé. Alexandre a essayé de taire le scandale en affirmant que l’enfant était celui de Cesare par une femme inconnue. Au lieu de cela, cela a déclenché des rumeurs d’inceste entre Lucrezia et son frère et son père.
Pour son second mariage, Lucrezia a épousé un homme qu’elle aimait vraiment. Les tourtereaux ont été perturbés lorsqu’il a été retrouvé poignardé près de la maison du pape et a nommé Cesare comme son agresseur avant de s’évanouir. Il se rétablit partiellement avant d’être étouffé à mort dans les chambres du pape par un agresseur inconnu.
Faunce a fait de nombreuses recherches sur son livre et a inclus des passages détaillés dans le récit. Un passage décrit la nécessité pour Rodrigo de faire sentir officiellement ses organes sexuels afin d’établir qu’il est un homme biologique. Cette cérémonie, nous dit Lucrezia de Faunce, était le résultat d’un incident du xe siècle par lequel un pape prétendument masculin a accouché lors d’une cérémonie de Noël. C’est cependant l’un des rares passages que Faunce communique bien. Tout au long de la majeure partie du livre, il entasse maladroitement des références historiques dans la narration de Lucrezia.
Faunce semble vouloir faire de Lucrèce Borgia une bonne femme. Sa Lucrezia jaillit de joie tout au long de son enfance chaque fois que son père commente sa sexualité. Lorsque Lucrezia est enlevée à sa mère par des soldats, qu’on ne reverra plus pendant des années, et lorsqu’elle est publiquement déflorée sur une dalle de marbre dans le cadre d’une cérémonie de mariage, elle reste silencieuse et sans émotion. Ces occasions manquées de l’humaniser la transforment en une femme sans cœur et résolument tordue.
Pire encore, le style banal et faux-littéraire de Faunce rend difficile même de comprendre ce que Lucrezia est censée ressentir. Lucrezia est transformée en une femme obsédée par les mots de vocabulaire SAT et les longues métaphores maladroites. Lors d’un festin, elle décrit un plat comme « porcelet frioulan aussi farci de truffe que n’importe quel porcelet pourrait le souhaiter dans sa vision du Ciel. »C’est aussi une femme qui n’est pas satisfaite jusqu’à ce que son histoire soit racontée en utilisant trois ou quatre adjectifs devant chaque nom. Il n’y a que tant de fois que l’on peut utiliser les mots comme « octogénaire » et « apocryphe » avant qu’ils ne ruinent l’histoire.
L’écriture de Faunce laisse à désirer, mais la vie de Lucrezia Borgia satisfait même l’appétit le plus vorace pour le scandale.