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Cette histoire de goyave vous laissera rire, je vous promets que c'est une lecture digne. Attention, cela peut changer votre perception de ce fruit. | tchakayiti.com

Jeudi 16 janvier 2020 / 1 commentaire

C’est incroyable l’impact que notre enfance peut avoir sur nous. Hier encore, je me suis surpris à rire à la vue des petites goyaves vertes non mûres suspendues à notre arbre juste devant notre cuisine.

J’ai gloussé parce que cette vue m’a ramené dans le temps. Il y a vingt ans, j’avais six ou sept ans. Et j’ai beaucoup apprécié ces fruits verts. Pour une raison étrange, j’adorais manger des goyaves non mûres. Je ne les laisse jamais mûrir avant de les cueillir à la main dans l’arbre, même si les manger signifiait que je devais cracher la chair après chaque bouchée. C’était tout simplement trop acidulé pour que je l’avale.

Pourtant, le palais de mon enfant aimait la chair de goyave non mûre, amère, parfois aigre, qui avait un goût de feuilles.

Mon goût pour ce fruit vert a conduit à de nombreuses disputes avec les adultes autour de moi. Ils ont constamment essayé de m’empêcher de les cueillir à la main. Ils m’ont même averti que je finirais par tomber malade si je continuais à manger des fruits non mûrs. C’était une bataille constante qu’ils ne pourraient jamais gagner. Je les ai simplement ignorés. La vérité est qu’à l’époque, j’étais convaincu qu’ils voulaient simplement que je laisse les fruits mûrir pour qu’ils puissent en profiter sans moi.

Je n’aimais pas du tout les fruits mûrs. Pas nécessairement parce que je n’aimais pas son goût, mais parce que les goyaves mûres me terrifiaient.

Ma peur de ce fruit était basée sur ces histoires d’enfance qu’ils vous racontent pour vous impressionner ou vous effrayer sans penser à l’impact que cela pourrait réellement avoir sur vous. Je n’ai aucune idée d’où cela venait, mais quelqu’un m’avait dit que le fruit jaune entièrement mûr tirait sa chair rose des nombreux vers qui le pénétraient. Cette déclaration a suffi à me faire peur.

Les quelques fois qu’on m’a tendu une goyave mûre, j’ai vu sa chair bouger. Je n’ai jamais pu décider si c’était juste un fruit de mon imagination vive ou non. Après tout, j’avais déjà vu tant de vers de terre roses dans notre cour. Ils pourraient en effet grimper sur ce goyave et coloniser ses fruits. Ou alors je pensais. Car sinon, comment sa chair pourrait-elle être si rose?

Cette histoire de goyave vous laissera rire, je vous promets que c'est une lecture digne. Attention, cela peut changer votre perception de ce fruit. | tchakayiti.com

Manger des goyaves non mûres était donc devenu mon seul recours pour éviter de manger des vers tout en profitant du fruit autant que tout le monde.

Aujourd’hui, à 28 ans, je sais que mon imagination débordante m’a joué beaucoup de tours quand j’étais enfant. Je sais aussi que, bien que les goyaves puissent avoir des vers, cela ne signifie pas qu’elles le font toutes, ni que c’est de là qu’elles tirent leur chair rose. Pourtant, je n’arrive toujours pas à prendre une bouchée de ce fruit. Je suis fier de dire que j’ai cependant fait de gros efforts pour essayer de m’habituer à son goût.

Bien que je puisse les manger en petites quantités, j’essaie d’entraîner mon palais à apprécier les pâtisseries à la goyave. J’espère que je finirai aussi par acquérir un goût pour la gelée de goyave et la pâte de goyave que nous fabriquons ici en Haïti. Quant au fruit cru, c’est une tout autre histoire. Quelque chose me dit que manger ça prendra un certain temps. Je le blâme sur cette histoire qui m’a marqué à vie. Alors que je rigole une dernière fois, je jure de ne jamais effrayer mes enfants avec de telles histoires.

J’ai publié cet article pour la première fois le 17 septembre 2014. La version 2020 comprend un texte révisé et de nouvelles images.

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