Samuel de Champlain

En 1604, le navigateur français Samuel de Champlain, sous les ordres de Pierre du Gua, sieur de Monts, qui avait reçu une concession du monopole, conduisit un groupe de colons en Acadie. Il choisit comme site l’île Dochet (île Sainte-Croix) dans la rivière Sainte-Croix, à la frontière actuelle entre les États-Unis et le Canada. Mais l’île se révéla inadaptée et, en 1605, la colonie fut déplacée de l’autre côté de la baie de Fundy jusqu’à Port Royal (aujourd’hui Annapolis Royal, en Nouvelle-Écosse). La colonie devait être un poste de traite et un centre de peuplement, mais les bras de mer accidentés et boisés de la péninsule de la Nouvelle-Écosse, les forêts denses du fleuve Saint-Jean et les nombreuses baies et plages du Cap-Breton et des Îles du Prince-Édouard rendaient impossible l’application du monopole de la traite des fourrures aux intrus entreprenants.

Carte du haut Saint-Laurent tirée de l'Histoire de la Nouvelle France de Marc Lescarbot (1609).'s Histoire de la Nouvelle France (1609).
Carte de upper St. Fleuve Laurent tiré de l’Histoire de la Nouvelle France de Marc Lescarbot (1609).

Bibliothèque du Congrès, Division des Livres rares

En 1608, de Monts et Champlain quittèrent l’Acadie et se dirigèrent vers le Saint-Laurent. À  » l’endroit où la rivière s’est rétrécie ” (Québec), ils ont construit une  » habitation ” (c’est-à-dire un fort ou une usine de traite des fourrures) pour contrôler le grand fleuve et être l’entrepôt de son commerce des fourrures. Déjà en 1603, Champlain avait noté que les Iroquois, que Jacques Cartier y avait trouvés, s’étaient retirés de la rue St. Lawrence sous la pression des Indiens algonquins du nord du pays. Les Français sont alors devenus les alliés des Algonquins dans la rivalité qui a commencé pour le contrôle de la traite des fourrures à l’intérieur des terres. En 1609, conformément à cette alliance, Champlain et trois compagnons se joignirent à un groupe de guerre algonquin dans un raid contre les Mohawks, le groupe le plus à l’est de la Confédération iroquoise. Le groupe remonte la rivière Richelieu vers le lac Champlain. Lors d’une rencontre avec une bande mohawk, Champlain et ses hommes tuent des Iroquois, et les armes à feu des Européens paniquent les autres. Cette escarmouche marque l’engagement initial de la Nouvelle-France aux côtés des Algonquins et des Hurons (ces derniers étant iroquoiens mais hostiles à la confédération) dans ce qui deviendra une lutte d’un siècle pour le contrôle de la production de fourrures d’aussi loin que l’ouest des Grands Lacs. Cet engagement s’est approfondi au cours des années suivantes. Le conflit entre les Iroquois et les Hurons était fondé sur des rivalités commerciales qui existaient avant la colonisation européenne. Bien que les Français soutiennent les Hurons, les Hollandais et plus tard les Anglais se rangent du côté des Iroquois.

La compagnie des Monts et ses fréquents successeurs, dont Champlain reste le lieutenant en Nouvelle-France, ont l’obligation de faire venir des colons, ainsi que le droit exclusif (rarement appliqué) de faire le commerce des fourrures. Leurs efforts de colonisation ont été encore moins fructueux, en partie parce que la colonisation n’était pas facile dans un pays de forêts abondantes et d’hivers rigoureux et en partie parce que le commerce des fourrures avait peu besoin de colons au-delà de ses propres employés. De plus, la compagnie n’avait que peu de fonds pour faire venir et établir des colons sur les terres. Champlain, qui encourageait les missionnaires — d’abord les Récollets (Franciscains), puis les Jésuites – à venir à Québec pour convertir les Indiens, s’intéressait surtout à l’exploration. Déjà en Acadie, il avait arpenté en 1606 et 1607 la côte vers le sud et vers l’ouest jusqu’à Stage Harbor, mais il avait été repoussé par des Indiens hostiles.

En 1613, Champlain partit de Québec pour explorer le bassin du Haut-Saint-Laurent. Il passe l’île de Montréal, non colonisée depuis l’époque de Cartier mais utilisée par les commerçants qui contournent Québec. Afin d’éviter les rapides lourds du St. Lawrence, il remonta son grand affluent, la rivière des Outaouais, avant d’être refoulé à l’île Allumette par des intermédiaires algonquins qui échangeaient les fourrures des Hurons et d’autres peuples plus à l’intérieur des terres et qui souhaitaient conserver ce commerce. À Allumette, Champlain apprit l’existence d’une  » mer intérieure ” (la baie d’Hudson), dont il avait deviné l’existence avant d’avoir entendu parler de la découverte de celle-ci par Henry Hudson en 1610. Imperturbable, il remonta l’Outaouais à nouveau en 1615, traversa la rivière Mattawa, le lac Nipissing et la rivière des Français jusqu’à la baie Georgienne, et tourna vers le sud jusqu’à la  » Huronie ” (la terre des Hurons). Champlain hiverna avec les Indiens et partit avec un groupe de guerre huron attaquer un village Onondaga au sud du Saint-Laurent. Il fut légèrement blessé et le groupe fut repoussé, mais Champlain avait une fois de plus confirmé l’alliance des Français avec les tribus du Nord et les Hurons contre les Iroquois et, par l’ouverture de la route d’Ottawa, avait sécurisé le milieu du continent pour la traite des fourrures françaises.

La découverte de cette région centrale de l’intérieur des terres est peut-être la principale réalisation de Champlain. Cependant, de 1616 à 1627, il ne réussit guère à maintenir la traite des fourrures. La faute n’était pas entièrement la sienne, car l’entreprise elle-même était très difficile. Le couplage du commerce et de la colonisation était quelque peu contradictoire, et il était impossible de financer les deux sur les bénéfices annuels, d’autant plus que le gouvernement français ne respectait pas le monopole.



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